Les Guiziga, peuple de l’Extrême-Nord du Cameroun principalement installé dans les départements du Diamaré, Mayo-Kani et Mayo-Tsanaga constituent l’un des groupes majeurs de la zone soudano-sahélienne. Leur organisation sociale, fondée sur un système clanique ancien, ainsi que leurs pratiques alimentaires, fortement liées au milieu et aux cycles agricoles, reflètent un mode de vie harmonisé avec leur environnement et leur histoire.
Le clan (miwuy) est une unité sociale fondamentale des Guiziga. Il rassemble plusieurs familles qui se reconnaissent en un ancêtre commun, réel ou mythique. Chaque clan possède :
un ancêtre fondateur ;
des lois coutumières propres.
L’appartenance au clan détermine des droits, des devoirs, et la place de chacun dans la société.
Le système guiziga repose sur une organisation en plusieurs clans (par exemple : Muzuy,Muturwa, Mbana, Mistida, Bololo, Mozogoy Broui, meserek, Ganaha, Maslalam, Tchabay , Manga etc.). Chaque clan se considère comme descendant d’un ancêtre commun, ce qui explique la règle fondamentale qui structure les alliances matrimoniales :
On ne peut pas épouser quelqu’un de son propre clan, car les membres d’un même clan sont considérés comme parents, même éloignés.
Cela vise à :
éviter l’inceste symbolique ;
préserver la pureté généalogique du lignage ;
maintenir une organisation sociale harmonieuse.
Ainsi :
Un Mouziy ne peut pas épouser une Mouziy.
Une femme Mouziy ne peut pas épouser un homme Mouziy.
Cela s’applique à tous les clans.
Les unions se font toujours entre deux clans distincts.
Exemple :
Un Mouziy peut se marier avec une Moutourwa, et inversement.
De manière générale, tout mariage doit réunir deux clans différents.
Cette règle permet :
de créer des liens d’alliance entre les clans;
de renforcer la solidarité interclanique ;
d’équilibrer les échanges (dot, entraide, cérémonies).
Les familles accordent une grande importance à ces alliances externes, qui consolident la cohésion globale du groupe guiziga.
L’alimentation des Guiziga est façonnée par leur environnement semi-aride et repose sur une agriculture de subsistance centrée sur les céréales locales.
Les cultures principales incluent :
le mil (daw), le fonio(magaya);
le sorgho rouge et blanc (mosoko) ;
le maïs (daw mulguy);
les arachides (hindir) ;
le hadiyuŋ (haricot).
Ces denrées constituent la base énergétique du régime alimentaire.
Les repas guiziga sont composés de :
boule (milef ou mikilef) de mil ou de sorgho ;
sauces de légumes arasl(oseille), mitikavay, hambaka(feuille du datier du desert), mangaraw, memet, mulguy(baobab), hazlila(gombo), autres plantes. Ces differentes sauces peuvent être accompagnées par la viande (boeuf, chèvre, mouton, volaille) et du poisson poisson séché ou fûmé.
sauces aux arachides ou aux condiments locaux
Les Guiziga élèvent également des chèvres, volailles et parfois des bovins. Ils consomment :
du lait caillé ;
du beurre ;
du bil-bil (musum) lors des rassemblements.
L’organisation clanique et les règles alimentaires sont plus que des pratiques quotidiennes : elles portent un sens profond.
Le clan définit l’identité, la filiation, les obligations sociales et alimentaires et les limites matrimoniales.
Les repas communautaires, les travaux partagés et les cérémonies sont autant d’occasions de consolider les liens internes au clan.
Les pratiques alimentaires traduisent une adaptation ancienne au milieu et un attachement fort aux traditions.